HISTORIQUE

 

On trouve une première trace de fourneau, au MONTET près de la rivière la Bourbince, qui fut abandonné en 1774 au Montet.

C'était un fourneau destiné à faire de la fonte pour les entreprises du CREUSOT.

 

Monsieur J.B. Pertois fils fit reconstruire le fourneau de la Bourbince vers 1800.

On en déduit que cela devait être celui abandonné en 1774.

Pour le réaliser suffisamment résistant à la chaleur, on le bâtit avec des briques qui furent fabriquées avec de l'argile du M0NTET.

Pour ce faire, on érigea un four à briques et un atelier de briqueterie. On commença également la fabrication de cruchons et on cuisait dans le four à briques des pierres à chaux.

 

1803

En 1803, Monsieur Pertois donna plein pouvoir à Monsieur Laujorrois qui devint ainsi le patron du MONTET.

Le fourneau de la Bourbince fut utilisé pour le traitement de minerai de fer et des scories contenant du métal à extraire et provenant d'autres usines (Avignon, Lyon).

Entre 1803 à 1806 de 40 à 53 ouvriers travaillaient sur le site en fonction des besoins.

Les armées françaises avaient, dans leurs campagnes, récupéré un butin considérable notamment en ustensiles de cuivre, de la vaisselle en étain et des canons en bronze.

Des bateaux amenèrent par le canal ces objets qui furent fondus et le métal résiduel affiné donna : du cuivre rouge, de l'étain fin, de l'étain ordinaire dit étain à litres et du métal destiné à la fabrication des cloches.

 

L'activité d'affinage des métaux commença à décliner à partir de 1806.

Des difficultés financières dès 1807 firent que la fermeture de la fonderie fut envisagée.

 

En 1811 Monsieur Laujorrois commence à commercialiser des creusets réfractaires fabriqués avec de l'argile locale, puis s'essaie à la poterie de grès fin, avec notamment des bouteilles vendues à la Société des Eaux de Vichy. La production de série massive et l'utilisation du charbon attestent le caractère industriel de ce site précoce.

Il fit construire un four à poteries. Il y avait donc 2 fours à céramiques. Peu à peu, ils prirent le dessus sur la fonderie.

Monsieur Laujorrois fait des essais, se documente auprès de manufactures spécialisées et réussit à trouver "un vernis" qui assurera le succès définitif de ses produits.

Les briques réfractaires "qui ne fondent, ni se calcinent au feu et auxquelles la transition du chaud au froid, ne fait subir aucune altération" obtiennent un franc succès. D'abord au Creusot, puis dans toutes les usines métallurgiques de France, de même les creusets qui présentent les mêmes qualités. Fondeurs d'or, d'argent, de cuivre, d'acier les utiliseront pour les industries chimiques, suivront des cristallisoirs, filtres, capsules, vases à acide, tuyauteries.

La réussite des essais de Monsieur Laujorrois pour glacer ses poteries, fit que les fabrications du MONTET obtinrent à partir de 1828 un succès éclatant.

 

En 1813 il y eut même un essai de fabrication de cloches resté sans suite.

 

En 1819, le jury central de l'exposition de Paris, confère "une mention honorable à l'usine du MONTET pour ses poteries, grès à couverte terreuse et la bonne fabrication de ses briques réfractaires destinées à la construction des fourneaux."

On trouve dans le "Journal de Paris" et le "Constitutionnel" des articles pleins de louanges sur les produits de Monsieur Laujorrois.

 

En 1820, l'institut des arts témoigne un grand intérêt au "grés du M0NTET".

 

En 1821, Monsieur Mèrimèe, secrétaire perpétuel de la Sté Royale des Beaux Arts présente un rapport sur les briques réfractaires, creusets et poteries du M0NTET.

Une "planche" (passerelle) fut installée pour permettre le passage des piétons.

L'industrialisation de la rive droite de la Bourbince commandait à une main d'œuvre nombreuse de passer d'une rive à l'autre.

Ces passerelles étaient peu élevées au dessus des eaux. A chaque crue, elles subissaient des dégâts quand elles n'étaient pas entièrement emportées.

M. Laujorrois François-Antoine s'associa à M. Louis Ruaut.

 

En 1822, le "Dictionnaire des Découvertes" demande l'envoi d'une notice concernant "les découvertes dont il enrichit les arts industriels."

 

En 1828, la notoriété du M0NTET est acquise. Le MONTET figure dans le "Manuel Géographique des départements de la France "

 

En 1830 le fourneau de la Bourbince cessa son activité.

La société des Eaux de Vichy fut un client particulièrement sérieux et intéressant. Pendant 36 ans, le MONTET fabriqua et livra des bouteilles-cruchons permettant à cette société de vendre son eau emballée à Paris et trouver ainsi le débouché qui lui assura sa notoriété indiscutable en matière d'eau minérale à cette époque.

Les bouteilles étaient transportées tous les 2 ou 3 jours à Decize par voitures à cheval puis en bateau jusqu'à Vichy. (en 1834, Vichy demandait plus de 1000 cruchons par jour).

Les livraisons de cruchons pour Vichy sont assurées par "nos chevaux", les briques transportées par "nos bateaux" (en 1852, 16 à 20 péniches).

 

En 1838, après 3 réunions du Conseil Municipal, la reconstruction de la planche du MONTET est décidée "à une largeur de 1.20 m afin de permettre le croisement de 2 brouettes."

 

En 1852, Monsieur RUAULT cède l'entreprise à Monsieur PAJOT et ils gèrent l'entreprise ensemble.

Celui-ci exploitait par ailleurs d'autres usines céramiques. Dirigeant la fabrique jusqu'en 1874, il concentre ses activités sur le grès utilitaire. On constate l'importance des effectifs de l'usine au cours du XIXè siècle : 70 ouvriers en 1835, une cinquantaine en 1851, environ 60 en 1865.

Ils firent établir un pont métallique sur la Bourbince pour faciliter l'exploitation de l'usine et les transports par le canal, tant pour les terres que pour les produits fabriqués.

 

EN 1868, Monsieur Pajot entreprit le creusement d'un aqueduc pour amener l'eau de la Bourbince à son usine.

Le départ est situé près du vannage de l'ancien moulin et la sortie dans la Bourbince, en aval de l'usine. Une sorte de cave fut construite sur le parcours destinée à recevoir trois meules qui tournaient dans des baquets et broyaient les terres destinées à la préparation des vernis. Ces meules tournaient grâce à une roue à aube sur l'aqueduc, avec un système d'engrenage, arbre de transmission et courroies.

Cette roue était importante : 4 mètres de diamètre, 5,6 avec les aubes et 1,5 de largeur. Elle développait une puissance de 30 à 35 CH.

 

En 1870, Monsieur Pajot, (Maire de Palinges de 1859 à 1864 et Conseiller Général de 1861 à 1870) eut la satisfaction de voir aboutir son projet de pont sur la Bourbince. Il décéda en 1907, sa tombe au vieux cimetière de Palinges est sculptée du blason qu'il s'était composé : une roue de Sainte Catherine (symbolisant sans doute la roue à aube de l'usine).

 

En 1874, l'usine sera louée à Monsieur Paissaud, puis à Monsieur Deyrieux. L'activité n'était plus aussi florissante, et à la mort de Monsieur Deyrieux, les héritiers de Monsieur Pajot vendirent l'usine à Monsieur Bordelais.

 

En 1885, on constate que ce pont menace ruine et devient dangereux pour la circulation.

Un nouvel ouvrage est construit en 1887. C'est le pont actuel. L'événement qui transforma et bouleversa toute notre région et particulièrement le MONTET, fut le percement du Canal du Charollais.

 

La fin du XIXè siècle voit une forte production de bouteilles de toute sorte, notamment des cruchons à liqueur de genièvre, destinés aux Pays-Bas.

 

1899

Avec l'éclosion de nombreuses entreprises, le monde ouvrier se solidarise et la première grève du 10/06 au 23/06/1899, favorise la naissance du premier syndicat palingeois: "Syndicat des ouvriers carriers, tuiliers, cimentiers et féculiers réunis de Génelard et Palinges."

Il fut constitué le 11/06/1899.

A Digoin, les mêmes causes produisirent les mêmes effets : 1ère grève 06/1899, création de la Fédération de Saône-et-Loire en 1900. En 1901, le syndicat des ouvriers .faïenciers inaugure son drapeau et. organise une grande fête avec défilé, banquet et bal. La Fédération Nationale des ouvriers et ouvrières en céramique et similaire tient son congrès à Digoin où il est décidé que son siège y demeurera. Dans le bureau on note la présence de Monsieur Bordelais.

A la suite de ces événements, Monsieur Bordelais doit quitter la faïencerie. Il se mit à son compte et construisit une petite fabrique à Digoin, entre le vieux canal et la rue des Crots.

 

En 1927, Son fils -Jean Bordelais- pris sa succession, ancien élève des arts déco, il fut un céramiste avec une compétence indiscutée. Il fit fonctionner la petite fabrique de son père à Digoin jusqu'en 1934. Il acheta l'usine du Montet le 18/07/1927 et entreprit de la moderniser tout en continuant à fabriquer cruchons et bouteilles de grès. L'entreprise se lance dans le funéraire, l'ornemental, la vaisselle de faïence et le sanitaire qui constituera l'essentiel de la production dans les années 1960-1970.

Il fit alors de nouvelles améliorations et vint habiter la maison près de l'usine. L'usine est alimentée par l'eau de la Bourbince, à l'aide d'une canalisation, ce qui permet de fabriquer, à meilleur compte, des produits bien façonnés et renommés. L'usine occupait de 40 à 45 ouvriers.

Une turbine fut installée au départ de l'aqueduc dans le vieux moulin et produisit le courant électrique permettant la mise en service des moteurs. Les factures Bordelais portaient la mention "Usine Hydro-Electrique" .

 

Il décida la mise en service d'un four tunnel en 1949. Long de 40 mètres, haut de 1m85 et large de 1m30, il était traversé par une voie ferrée (Decauville) et 30 wagons assuraient le fonctionnement. Le four utilisait comme combustible le charbon.

Les wagons mouflés étaient chargés de produits divers et, poussés par un treuil électrique, avançaient dans le four. Ils y passaient de 45 à 60 heures, suivant la grosseur des pièces. Toutes les heures et demi à deux heures, un wagon de marchandises cuites et refroidies sortait du tunnel. Déchargé, il était mis sur la voie de retour sur un transbordeur et se dirigeait vers l'atelier de chargement.

 

La création de E.D.F. ne permit plus la production d'électricité après 1950, E.D.F. fournit la totalité du courant électrique après 1954.

 

Conservant quelques tourneurs, il s'orienta vers l'ornemental, et mit en pratique le moulage. On lui doit de superbes vases flammés entre autres balconnières, jardinières. Il produisit aussi une grande diversité de produits utilitaires, dont le plus connu est le réchaud électrique.

 

En 1950, il se tourne vers le sanitaire dont la technique de fabrication différait de la poterie.

 

En 1955 le four tunnel fut transformé pour le fuel : 9 brûleurs, 4 d'un côté et 5 de l'autre donnaient une cuisson plus régulière.

Les établissements Morton (Angleterre) fournirent les plaques isolantes. Les briques à alvéoles pour la mouflage venaient de Montchanin et les autres briques spéciales des Ets Piessat de Génelard.

En 1950 le sanitaire n'ayant pas atteint le niveau de qualité indispensable à son essor, Monsieur Bordelais fit appel à un spécialiste, Monsieur Drack, qui mit au point l'engobage et l'émaillage des produits. Il fut remplacé vers 1956 par Monsieur Lestage.

 

En 1964 et 65 divers brevets furent déposés à l'INPI (Institut National de la Propriété Industrielle) afin de protéger les créations authentiques.

 

En 1965, grâce à une technique dérivée du sanitaire, Messieurs Bordelais et Lestage mirent au point une terre ingéline destinée à des produits devant résister aux intempéries et aux gelées. Avec un émaillage noir et des formes adaptées, les vases funéraires connurent un succès commercial pendant de nombreuses années. Ils furent fabriqués en noir, blanc et gris moucheté. Cette gamme de produits funéraires fut appelée INGELIA. La maison Bordelais exporta pendant plusieurs années une partie de sa fabrication sanitaire en Afrique du nord et Afrique équatoriale.

 

L'usine Bordelais employa jusqu'à 80 ouvriers. Monsieur Bordelais victime d'un accident décéda en 1967 son épouse continua de diriger l'usine, mais à son décès en 1976, l'activité cesse avec 15 ouvriers.

Cela mit fin à l'une des premières usines du Montet après 171 années d'activité continue.